Avant-hier, le 3 décembre, se tenait la première date (lyonnaise) de la version concertante de Adriana Lecouvreur de Francesco Cilea donnée dans la cadre de la coproduction annuelle entre l’Opéra National de Lyon et le Théâtre des Champs-Elysées – qui accueillera à son tour le spectacle, ce soir 5 décembre, pour une seconde représentation. Et c’est toujours en partenariat avec l’Auditorium de Lyon, où s’est déroulé le concert, que cet événement s’est tenu, une salle plus propice par ses dimensions aux épanchements orchestraux et vocaux, comme il y en a justement à foison dans cet ouvrage magnifique! “Au pupitre, le fringant et bondissant jeune chef italien Daniele Rustioni s’abandonne au bonheur de se laisser envoûter par le charme vénéneux du mélodrame poussé à son paroxysme. Sous sa baguette, on perçoit comment, sous quelques conventions véristes, l’instrumentation de Cilea est beaucoup plus imaginative, lumineuse et raffinée que certains ne le pensent. A la tête d’un somptueux Orchestre de l’Opéra National de Lyon, il parvient à mettre en valeur le lyrisme et l’ample respiration du phrasé orchestral induit dans la partition de Cilea, pour le plus grand bonheur des mélomanes venus en nombre à l’Auditorium Maurice Ravel assister à l’événement !” ClassiqueNews, Emmanuel Andrieu
Daniele Rustioni sublime l’orchestre et le bouquet de jeunes talents pour ADRIANA LECOUVREUR à L’Auditorium de Lyon L’opéra de Lyon nous propose, en cette froide après-midi de décembre, une somptueuse version concert d’Adriana Lecouvreur, le superbe opéra qui assura la postérité de Francesco Cilea… « Incontestable roi de la soirée, Daniele Rustioni sublime la musique de Francesco Cilea avec son orchestre. Il tisse au moyen d’une direction claire et affirmée une nappe sonore poétique et sensuelle, et met en relief toute la poésie de l’opéra. Le chef italien s’approprie pleinement les passages instrumentaux. Le ballet, ponctué de l’intervention des chœurs, devient ainsi la démonstration de toute la palette sonore que peut développer l’orchestre alors que le début de l’Acte 4 et la mort d’Adriana, constituent de vraies parenthèses poétiques où le temps suspend son vol. Daniele Rustioni, véritable maestro concertatore, toujours attentif aux solistes, sublime par sa direction le bouquet de jeunes talents réunis à l’occasion. Il s’inscrit ainsi dans la continuité de son illustre prédécesseur et maitre du genre : Gianandrea Gavazzeni. C’est donc une entrée en matière réussie pour le plateau ici rassemblé, avant la seconde représentation parisienne prévue ce soir au Théâtre des Champs-Élysées. Le spectacle sera également diffusé sur France Musique le 10 janvier 2024 à 20h. » Première Loge, Aurelie Mazena
Adriana Lecouvreur : Duos de haute voltige à l’Auditorium de Lyon …version de concert “Adriana Lecouvreur”, opéra de Francesco Cilea, porté par une riche distribution et sous la direction de Daniele Rustioni. « Sous la direction de Daniele Rustioni, l’Orchestre de l’Opéra national de Lyon dont il est le directeur musical est réglé au millimètre. À la battue carrée, le chef veille au grain, à la virtuosité, ainsi qu’à la précision jusqu’aux dernières notes pianissimi exprimant les derniers soupirs d’Adriana. Il encouragera également les solistes, particulièrement pour les moments de tension. …En attendant leur venue au Théâtre des Champs-Élysées, les artistes sont acclamés par les auditeurs lyonnais et le chef d’orchestre ne manque pas de remercier chaque soliste et musicien. » Olyrix, Marjorie Cabrol
Tamara Wilson s'empare d'Adriana Lecouvreur à Lyon “…Le chef de la maison, Daniele Rustioni, dirige sans surprise avec brio cette partition de Francesco Cilea à laquelle il apporte ses couleurs italiennes, avec de belles envolées et une écoute particulièrement attentive à ses pupitres. Malgré la salle, il travaille à un équilibre entre voix et instruments, et accompagne au mieux les interprètes tout au long de la partition, leur offrant des pianissimi translucides et fragiles, notamment dans les derniers moments et l’ultime soupir d’Adriana. Il sait aussi lâcher les rênes et laisser déferler toute la puissance de l’Orchestre de l'Opéra de Lyon, magistral de bout en bout, comme après l’entracte et le passage des chœurs. Le résultat permet de se rendre compte du talent des musiciens, et de la chance qu’a l’Opéra de pouvoir s’enorgueillir d’un tel orchestre. Nous noterons également à quel point le chef parvient à rendre les couleurs et les atmosphères du drame, comme à la fin du banquet, lorsque tout le monde se retire, et que l’on ressent toute l’importance du moment tragique qui se joue précisément à cet instant.” Opera online, Elodie Martinez
Une Adriana Lecouvreur en version de concert, c’est autant de perdu pour le spectacle. Plus de coulisses de la Comédie française, plus de fête chez le Prince de Bouillon, mais c’est autant de gagné pour l’orchestre, qui, placé sur la scène, rend visible le brio, la pétulance, la sensualité Art Nouveau (on disait Liberty en Italie) de l’orchestration de Francesco Cilea. Plaisir de voir l’excellent Orchestre de l’Opéra de Lyon en pleine lumière sur le podium de l’Auditorium…Le pétulant directeur musical de l’Opéra de Lyon [Daniele Rustioni], silhouette légère, mollet tendu, geste vif-argent, ne négligera rien de la palette multicolore et poudroyante de Cilea. Ni de ses grandes houles lyrico-voluptueuses aux harmonies riches en glucides, et sa direction tiendra toutes ses promesses et davantage encore… Un opéra de chef “La scène finale du 2 est un étonnant moment de théâtre musical (on songe à la scène homologue des Noces de Figaro) où l’on voit Adriana aider à la fuite de la Princesse. C’est uniquement par les couleurs de l’orchestre et sa respiration savamment conduite par Daniele Rustioni que se construit ici, à partir d’un bel interlude orchestral, moment suspendu quasi chambriste, un exaltant crescendo où s’entremêlent tous les thèmes, le « Tu sei la mia vittoria » de Maurice, absent mais présent dans les voix des deux femmes, le « O vagabonda » de la Princesse, « l’umile ancilla » d’Adriana. Opéra de solistes certes, et il faut que les quatre protagonistes soient à égalité, c’est le cas à Lyon, mais d’abord opéra de chef et cette version de concert le démontre à l’envi. Ce que l’on constatera à nouveau lors du divertissement dansé du troisième acte. Les dix-neuf voix féminines du Chœur de l’Opéra de Lyon feront des prodiges de suavité dans « Dormi, dormi, o pasterello – Bel Pastor di Frigia » et l’orchestre mettra en valeur des pages symphoniques qui semblent se souvenir des ballets de Delibes, tour à tour pastorales, acidulées ou bruyamment chevaleresques. … …Partition décidément très riche, où Cilea (qui après elle ne composera plus que Gloria, tragédie lyrique créée en 1907 et en restera là) semble vouloir s’essayer à tout, multipliant les changements d’ambiance, de tempo, de couleur orchestrale, les tensions et les détentes. Et Rustioni, tout en nerfs, en précision, mais onctueux quand il le faut, dans une évidente complicité avec l’orchestre, la défend bec et ongles… …C’est la harpe qui, sotto voce, délivrera l’ultime accord parfait de ce concert qui l’aura été, lui aussi.” Forum Opera, Charles Sigel
OPÉRA de LYON… À L’AUDITORIUM – ADRIANA LECOUVREUR de Francesco CILÈA “…Avec l’arrivée de Daniele Rustioni au poste de Directeur musical dès 2017, le choix de coréaliser cet évènement avec l’Auditorium Maurice Ravel a entraîné son déplacement dans une salle plus adaptée à ce type de prestation. Cela permet aussi aux forces vives de la Place de la Comédie de se produire dans un cadre lumineux, moins dépressogène que l’inénarrable et titanesque gag funeste constitué par la sinistre salle du sieur Nouvel. Une création locale excessivement tardive Invariablement cet opéra donné en concert constitue un sommet des saisons artistiques. Tout particulièrement, la remarque vaut sur le plan émotionnel, dans la mesure où les chanteurs (solistes comme chœurs) ne se trouvent plus empêtrés dans les délires psychanalytiques de scénographes névrosés autant qu’incultes. Ainsi, les interprètes peuvent enfin vraiment “jouer” leurs rôles, dans la spontanéité de tous les sentiments à exprimer. Après le retour distingué d’Hérodiade de Massenet l’an passé1, la création lyonnaise (sic !) d’Adriana Lecouvreur de Cilèa est à marquer d’une pierre blanche, voire d’un diamant. Vous avez bien lu : il aura donc fallu attendre 121 ans pour que le chef-d’œuvre du compositeur calabrais soit enfin entendu intégralement dans la Capitale des Gaules… …Mieux vaut tard que jamais, dit l’adage, et grâces soient rendues : d’abord à Daniele Rustioni pour ce choix précis qu’il a souhaité défendre ; ensuite à Richard Brunel, qui a comme mérite princeps d’afficher – depuis le début de sa direction générale – des œuvres jamais données céans. Et croyez-moi, la liste est encore longue (je suis d’ailleurs à sa disposition sur le sujet). …Jusqu’à quel Parnasse Daniele Rustioni mènera-t-il les mélomanes ravis ? Précisément, commençons par notre Directeur musical – avec le concours notable d’Hugo Peraldo comme chef assistant pour la préparation soignée de cette production – qui se surpasse une fois encore, au point que l’on peut légitimement s’interroger : jusqu’à quel Parnasse Rustioni mènera-t-il les mélomanes ravis ? Direction nerveuse, dynamique en diable, concernée, impliquée, traduisant une véritable affection pour cette partition relevant du vérisme réformé, courant initié par le Baron Alberto Franchetti, inquiet de la dérive du Vérisme musical pur et dur dont Mascagni fut, dans un premier temps, le fer de lance. …Dans les airs et ensembles, l’orchestre sertit les voix comme une pièce d’orfèvrerie. Il atteint des cimes au cœur des passages à découvert, comme l’interlude précédant le finale du II, le ballet du III ou le prélude wagnérien du IV (avec ses pénétrantes réminiscences de Tristan ou Rheingold). Maints pupitres solistes méritent une mention : le 1er violon solo envoûtant de Kazimierz Ołechowski, les 1ers hautbois et clarinette veloutés de Matteo Trentin et Ángel Martín-Mora, la harpe de Sophie Bellanger et l’ensemble des capiteux violoncelles, magistralement menés par Ewa Miecznikowska. …Au bilan : une décharge émotionnelle telle qu’elle devient dangereuse pour un vieux critique – même éprouvé –, consacrée par une glorieuse standing ovation, ayant valeur de signe chez un public habituellement plus réservé. Espérons maintenant Andrea Chénier de Giordano et Cristoforo Colombo de Franchetti ! Résonances Lyriques, Patrick Favre-Tissot-Bonvoisin
Sans perruque et sans reproche “Dépouillée de ses perruques poudrées et de ses jabots de dentelle, l’efficacité dramatique d’Adriana Lecouvreur ne se dément pas. Paris après Lyon accueillait hier en version de concert le seul opéra de Cilea resté au répertoire. … l’équilibre prévaut y compris lorsque la musique touche à l’un de ses nombreux paroxysmes dans une soif de lyrisme que rien ne semble pouvoir étancher. Cet élan qu’impulse la direction de Daniele Rustioni n’est pas une bourrasque, un vent violent qui balaierait sur son passage les subtilités de l’orchestration mais une respiration théâtrale, attentive aux détails comme aux nuances – le frémissement impalpable des dernières mesures est un de ces instants dont on emporte en sortant de la salle le souvenir ému. L’Orchestre de l’Opéra national de Lyon n’a rien à envier aux meilleures phalanges internationales. Bien que moins mis en valeur par la partition, les chœurs témoignent aussi de l’excellence des forces musicales lyonnaises.” Forum Opera, Christophe Rizoud
Duel de rêve Paris, Théâtre des Champs-Elysées Francesco Cilea: Adriana Lecouvreur “…Tous les seconds rôles emportent l’adhésion, de même que les Chœurs de l’Opéra de Lyon, toujours très précis. L’autre grand atout de la soirée vient de la direction tout en contrastes de Daniele Rustioni, qui se joue des tempi pour enflammer certaines verticalités d’une vivacité nerveuse, avant de s’apaiser dans les parties plus intimistes en faisant ressortir quelques détails d’orchestration inouïs de raffinement. La pâte sonore volontairement allégée fait entendre un Rustioni tour à tour espiègle et virevoltant, en orfèvre toujours attentif à la clarté des plans sonores. Une grande soirée qui démontre combien les « petits maîtres » de la jeune école italienne, tels que Cilea, ne doivent pas disparaitre dans les nimbes des répertoires oubliés … “ Concertonet, Florent Coudeyrat
L'idéale Adriana Lecouvreur de l'Opéra de Lyon au Théâtre des Champs-Élysées 5* review “Il est des soirées – rares au demeurant – où le critique pressent, devine que sa tâche sera aisée, qu’il n’aura pas à se soucier du maillon faible du spectacle auquel il assiste. C’est le cas en ce mardi soir, dans un Théâtre des Champs-Élysées presque comble, avec une version de concert d’Adriana Lecouvreur de Francesco Cilea, proposée par l’Opéra de Lyon. “Même si Daniele Rustioni ne peut rien contre la platitude d’inspiration des quelques pages symphoniques qui parsèment les quatre actes de l’ouvrage, c’est d’abord au directeur musical de l’Opéra de Lyon qu’on doit la parfaite réussite de cette Adriana Lecouvreur. Le chef a l’art de toutes les situations, qu’il caractérise avec un soin, une précision qui n’excluent jamais ni l’élan ni la virtuosité. L’orchestre – et dans une moindre mesure le chœur – de l’Opéra de Lyon confirment leur excellence. L’avantage de l’absence de mise en scène, c’est qu’on entend tout des qualités – et des défauts s’il y en a – des interprètes, des chanteurs en premier lieu. Aucun subterfuge n'est possible pour masquer une méforme passagère, un trou de mémoire, une gestique réduite à sa plus simple expression. Et pourtant, tous les protagonistes de cette version de concert vont nous offrir une soirée de rêve.” Backtrack, Jean-Pierre Rousseau
Adriana Lecouvreur, il suffit de quelques modestes fleurs… “…La direction musicale de Daniele Rustioni frappe par son élégance et son souci permanent du détail et de l’expression la plus juste. Sous sa baguette passionnée, les moments les plus tumultueux de la partition apparaissent pleinement en exergue par son Orchestre de l’Opéra National de Lyon, tandis que les passages plus intimes, plus poétiques, se parent d’un raffinement qui vise presque à l’impalpable. Les Chœurs préparés par leur chef Benedict Kearns n’ont aucune peine à se révéler à la hauteur des enjeux de cette soirée mémorable, vivement saluée et applaudie par le public du Théâtre des Champs-Élysées”. Olyrix, José Pons